Des urbanistes connectés pour mieux écouter les citoyens

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Le citoyen est aujourd’hui un "cyber-citoyen". Il souhaite prendre part au développement de son lieu de vie et être entendu sur ces questions, notamment sur des plateformes participatives. Les services d’urbanisme peinent toutefois à intégrer cette parole à la planification de la ville et ce, essentiellement par manque de compétences numériques. Telle est la conclusion principale d’une thèse [1] en architecture réalisée à l’EPFL. L’étude a mené une étude comparative entre la ville de Genève et Singapour, mégapole du continent asiatique reconnue comme smart city par excellence.

L'urbanisme 2.0

Les Services d’urbanisme ont pourtant à leur portée des dizaines de manières de récolter des données sur le mode de vie des habitants. Via, par exemple, les médias sociaux, du crowdsourcing ou des applications mobiles. A Singapour, Stéphanie Hasler a observé que les praticiens travaillaient au quotidien avec ces outils car les habitants voient l’intérêt de transmettre leurs données personnelles et leurs idées à leurs autorités. Depuis quelques années, un site internet accompagne le développement de chaque projet et permet aux habitants de partager leur avis, de consulter et de commenter tous les projets planifiés ou en cours. Cet outil évite les déplacements physiques aux bureaux d’urbanisme et favorise le débat.

A la recherche de démarches participatives

Qu’en est-il à Genève ? «Les choses bougent et je souhaite que cette thèse puisse accompagner positivement ce changement», souligne Stéphanie Hasler. La chercheuse regrette toutefois que les données récoltées ne servent pour l’instant qu’à gérer la ville, notamment en optimisant les flux et les rendements. Et les démarches participatives se limitent à accompagner et valider les projets existants au lieu d’intervenir comme incubateur d’idées. La participation des habitants est pourtant indispensable pour relever les défis de la ville durable, selon la chercheuse qui cite entre autres les domaines de la mobilité et de la réduction des gaz à effet de serre.

Comment améliorer la situation? En annexe de sa thèse, Stéphanie Hasler délivre un catalogue d’outils participatifs à même d’aider les urbanistes à mieux écouter et intégrer les idées des habitants. Un catalogue qu’elle a développé après l’analyse d’une cinquantaine d’outils existants à travers le monde et qu’elle a répartis en fonction du type de projet à développer. Quelques exemples:

  • Commonplace: Commonplace est une plateforme d’engagement public permettant de discuter et évaluer des propositions de planification ou de projets urbains 
  • Carticipe: Carticipe est une plateforme participative permettant de proposer des idées d’aménagement, des suggestions d’amélioration ou de relever des problèmes existants en les localisant sur une carte
  • CitySwipe: CitySwipe est un outil de participation inspiré de l’application de rencontre Tinder qui permet de collecter des informations concernant les préférences des habitants 

Plutôt qu’une smart city, l’architecte préfère parler de responsive city comme idéal, une ville réactive qui place les besoins de ses habitants au centre. "L’urbaniste doit devenir un coordinateur entre le politique, l’expert et la parole des citoyens. Pour remplir cette mission, la maîtrise d’outils numériques est essentielle. Elle permettra au politique de mener une meilleure pesée des intérêts dans ses décisions", explique la chercheuse. Celle-ci a perçu des réticences dans ses entretiens menés auprès de praticiens genevois face à la notion d’urbaniste connecté. "Des formations internes ou continues sont nécessaires", relève-t-elle.

Références

[1] Stéphanie Hasler, "De Smart à Responsive, les enjeux de la planification urbaine à l’ère numérique", sous la direction de Jérôme Chenal et Marc Soutter, 28 novembre 2018.

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